Porträt
Geboren 1949 in Biel – nach den Schulen in verschiedenen Berufen tätig – Freischüler an der Kunstgewerbeschule Bern – Keramik und Webereien in Brügg, Skulpturen und Intarsien in Trogen, danach Viehhirt und Schreiner im Emmental – Nachtarbeit als Künstler – seit 1980 freischaffend in der Bieler Altstadt… «Es war nicht von jeher so, dass meine Arbeit so weithin sichtbar war, im Gegenteil.» Im leisen, kammermusikalischen Rahmen übte ich mich während mehrerer Jahrzente, beschränkt auf schwarz und weiss (Zeichnungen, Holzschnitte, Malerei). Ich wollte mir erst die Grundlage erschaffen – als «Schwarzmaler» jegliche Farbigkeit mir verbietend – bis zu dem Zeitpunkt vor rund zwanzig Jahren, als die Farbe in aller Heftigkeit unaufhaltsam aus mir heraus förmlich explodierte. Magmatisch fliesst seitdem in doch lauter gewordener Musik meine Arbeit in die Landschaft hinaus und nicht bloss auf Leinwänden. Übergreifend in Räume, in Tiefen und Höhen, als Fortsetzung zuweilen, sich Boden verschaffend um alsdann sichtbar verrückt auffällig dazustehen.
Face à la toile, une évidence. L'évidence. Celle d'avoir saisi l'instant, d'avoir capté cette brise légère, ce parfum incomparable. La couleur, vive, vivante, vibrante, traduit plus qu'une émotion. La toile devient palette. Celle de tous les possibles. Artiste dans l'âme avant l'éclosion, l'explosion, un certain 18 mars 1949, Gianni Vasari n'a pourtant pas toujours exercé ses talents à plein temps. Travailleur émérite le jour, il peignait la nuit, histoire de donner au jour les teintes de la nuit. Son approche première, uniquement en noir et blanc, lui a permis d'épouser les formes, de dessiner les contours, de donner corps à un univers à nulle autre pareil. Le temps de comprendre, de s'apprendre, de découvrir entre les lignes, tracés d'un quotidien l'artiste qu'il était. Il y a vingt ans, exactement, la couleur se fait évidence. Elle explose. Littéralement. Le noir et le blanc s'immolent à l'autel de l'arc-en-ciel, et ce n'est que par touches, successives, allusives, que Gianni Vasari les retrouve, au détour d'une rencontre, de rencontres, qu'il imprime à même la toile. Car la peinture de Gianni Vasari est à l'image du personnage: générosité, sensualité, individualité. L'artiste sculpte l'éphémère, modèle l'éternité. Entre permanence et immanence, il est celui qui donne à Bienne, et surtout à sa vieille ville, les couleurs du temps, poésie d'une alchimie intraduisible, entre passé, présent et la toile de l'avenir. Aujourd'hui Gianni nous embarque dans son arche, un voyage ultime, entre les vagues de son âme. Qu'emporterons nous dans nos bagages ? Sans doute un peu de sa légèreté, de son intensité, entre ce vert d'eau, et l'eau de ce verre… Céline Latscha